Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Nouvelles de Femmes actuelles
Visiteurs
Depuis la création 153
5 février 2000

Mère à 40 ans j'adopte mon enfant

Toujours pas cette ménagère, ni cette mégère.

J'ai 40 ans,je suis maman.

Femme aimée, courant de stimulation ovarienne en FIV, j'ai fini par perdre mon emploi.

Trop vieille pour féconder, trop pressée d'avoir des enfants, trop vivante pour les tests psycho des recruteurs. Au fait, Galliano a t'il passé ces tests? Cabinets de recrutement enfermés dans leurs grilles d'évaluation, qui résume votre valeur en un QCM, en un geste de main.

C'était il y a 15 ans, personne n'avait le droit de monnayer ma valeur. J'ai quitté Paris, j'ai osé, pris mon destin en main.

Maison vendue en 2 semaines au dessus du prix du marché dans un quartier populaire.

Devant l'urgence, une femme réalise l'impossible. C'était ma première victoire.

En attente d'un premier agrément pour adopter notre aîné. Grosse plus value obtenue quand nous ne partions de rien: j'ai acheté un logement pour garder notre numéro de téléphone vital à la carrière de mon amour. J'ai acheté un autre logement pour montrer à l'assistante sociale que nous avions une chambre réservée à notre enfant. La tradition familiale nous a poussé à faire un don à notre banque.

Notre désir de bonheur familial nous a guidé à 2 heures de Paris. Ce nid, nous l'avons choisi en 5 minutes. Coup de foudre, du grand, de l'authentique, des cheminées, des poutres, un petit jardin, plein de chambres pour nos enfants à venir.

Rien d'exptionnel, nous voulions être heureux.

Plan marketing, business plan, audit financier, plan de carrière: avec du bon sens, comme des millions de femmes.

Déjà la femme se muait en maman. Ma promotion je l'ai eu, je suis mère à présent. Maman à 40 ans.

Pour ce statut, je me suis battue. Au verso du papier d'agrément, cette autorisation d'adopter son enfant, il n'y a rien. Page blanche, il faut tout inventer pour trouver son enfant. Là, j'ai découvert cette étrange chaîne de solidarité souterraine. Société secrète avec seule religion d'aider d'autres couples à adopter.

J'ai plongé dans ce monde de solidarité, fourmillant de parents prêts à donner des conseils, partager leurs expériences. Et, par enchantement nous nous laissions guider vers notre premier enfant. Il nous attendais, il allait avoir 7 ans.

Ce jour là, l'émotion brisa une dent de mon mari. L'amour nous muait en parents. Il avait 7 ans , il en paraissait 3. Sans amour, sans être touché durant 7 ans, il ne s'était pas développé. Nous l'attendions depuis toujours.

Violemment, le bon système éducatif français nous a contraint à le scolariser. Petit être maigrichon, en classe de CP, ne parlant français, magnétisé par la magie d'allumer et éteindre les lumières, par l'autorisation permanente d'aller au WC. Fier de ses nouveaux pouvoirs, improbables il y a peu. Contraint de rester assis à assembler des puzzles à 8 pièces, incompris de sa maîtresse qu'il exaspérait au point de le confier aux soins d'une assistante.

La lucidité nous avait contraint à choisir l'école privée. École catholique, porteuse de tolérance et d'amour du prochain.

Au premier jour, le plus pauvre d'entre tous accepta de lui donner la main.

Convoquée chaque semaine chez la maîtresse pour mon fils turbulent, le bonheur s'éffritait. Ne pouvait-elle comprendre que c'était la première fois qu'il restait assis pendant des heures. Ne pouvait-elle accepter qu'après 2 mois il soufflait la lecture à ses camarades en lisant à l'envers.

Amour du prochain ne fut peu. Camarades infligeant des vexations racistes, fruits de leurs apprentissages familiaux. Maîtresse distribuant des punitions, face au démon paysans qu'est l'étranger.

Alors, comme toutes les mamans, je me suis battue contre ces discriminations. Mon coeur s'est durci. Je me muée en guerrière de la bêtise qui ne peut être qu'humaine.

Nous invitions toute la classe pour les anniversaires, les Noëls. En retour, les parents prenaient des renseignements sur nous auprès de la charmante maîtresse. Notre enfant était rarement invité.

J'ai fini par comprendre, l'étranger c'était nous, notre famille.

Publicité
Commentaires
Nouvelles de Femmes actuelles
  • Un espace de liberté pour celles qui ne peuvent pas tout dire. Brèves des femmes qui ne se sentent pas ménagères à + 50 ans Des nouvelles rédigées par des femmes Notre quotidien, nos préoccupations, nos colères, nos luxes, notre vie
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Publicité